Le Mikvé 

Par Rivka Slonim

mikve picture-slonim article.jpgPour le non initié, un Mikvé moderne ressemble à une piscine miniature. Le Mikvé ne mérite pas une grande description, c’est une structure humble. Cependant, malgré son apparence ordinaire, le Mikvé  tient une place centrale dans la vie et la loi juives. Le Mikvé offre à l’individu, à la communauté et au peuple juif tout entier le cadeau le plus remarquable : la pureté et la sainteté. Aucun autre établissement religieux, aucune autre structure, aucun autre rite n’affectent le Juif de cette manière, à un niveau aussi essentiel. Sa puissance extraordinaire, cependant, dépend de sa construction en accord avec les nombreuses et complexes lois de la Hala’ha, la loi juive.

 

Les étendues d’eau naturelles – telles que les océans, les rivières, les sources et les lacs – sont des Mikvés à l’état le plus primitif. Ils contiennent de l’eau issue de sources divines et ont donc, selon la tradition, le pouvoir de purifier. Créés avant même  que la terre ne prenne forme, ces bassins naturels sont préparés depuis toujours pour la consécration. Mais ils posent également des difficultés : ces eaux sont parfois difficiles d’accès, dangereuses ; leur température est souvent glacée, sans compter qu’il est évidemment difficile de s’y isoler. C’est pourquoi la vie juive exige  de construire  des Mikvés (« bassins ») et c’est  effectivement ce qui a été  fait par les Juifs à toute époque et en tous lieux.

 

En bref : un Mikvé doit être construit profondément à l’intérieur du sol ou, en tous cas comme une part essentielle d’un bâtiment. Des réceptacles portables comme des baignoires, des bassins à tourbillons ou des jacuzzis ne peuvent pas devenir des Mikvés. Le Mikvé doit contenir au minimum à peu près 1000 litres d’eau de pluie qui aurait été recueillie et menée dans le bassin du Mikvé selon  des règles très spécifiques. Dans des cas extrêmes, quand il est impossible de recueillir de l’eau de pluie, on pourrait utiliser de la neige ou de la glace formées naturellement pour remplir un Mikvé. Comme pour l’eau de pluie, de nombreuses lois complexes président à leur acheminement et leur manipulation.

 

L’observateur non averti ne verra qu’un seul bassin – celui qui est utilisé pour l’immersion. En fait, la plupart des Mikvés sont constitués de deux bassins, parfois trois, adjacents. Tandis que l’eau de pluie est gardée dans un bassin, le bassin adjacent  est vidé et rempli régulièrement d’eau du robinet. Les bassins sont séparés par un mur dans lequel se trouve un trou d’au moins 5 cm de diamètre.

 

La libre circulation (appelée aussi Hachaka, embrassade…) entre les eaux des deux bassins fait que l’eau du bassin d’immersion devient une extension de l’eau de pluie naturelle et donne ainsi à ce bassin le statut légal de Mikvé. (La description donnée ici est l’une des deux méthodes préconisée par la Hala’ha pour accomplir ce but). Les bassins des Mikvés modernes sont équipés de filtres et de système de recyclage d’eau. L’eau du Mikvé arrive d’ordinaire à hauteur de l’épaule et est maintenue à une chaleur confortable entre 25 et 30 degrés. On y pénètre  par des marches. Certains Mikvés sont accessibles aux handicapés par un système de poulies.

 

L’institution du Mikvé a souvent été victime de préjugés populaires défavorables. L’immersion dans l’eau est naturellement associée au lavage et à la propreté. Pour compliquer les choses, les Juifs s’étaient souvent  vu officiellement refusé l’accès aux rivières jouxtant les villes pour se baigner. Pour remédier à la situation, ils avaient fait construire des maisons avec des bains, qui souvent abritaient également un Mikvé. Mis ensemble, ces facteurs ont souvent contribué à forger un lien inextricable  entre Mikvé et hygiène. Mais le Mikvé n’a jamais été un substitut  mensuel au bain ou à la douche. D’ailleurs la Hala’ha stipule qu’on doit être parfaitement propre avant de se tremper au Mikvé ! Pour permettre cela, les Mikvés modernes proposent à leurs clientes une salle de bain  - souvent luxueuse – avec tous les produits nécessaires pour se préparer minutieusement : shampooing, savon, serviettes, ciseaux à ongles etc.

 

Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, les Mikvés se contentaient d’offrir le strict minimum pour permettre l’immersion, un point c’est tout. Attentifs à la demande des femmes juives modernes, les rabbins et leaders communautaires des dernières décades ont compris qu’il fallait investir d’autres ressources dans les Mikvés modernes qui sont maintenant fonctionnels et même luxueux, avec des salles d’attente confortables et des salles de bains équipées de tous les petits détails qui font la différence. Dans le monde entier, ces Mikvés parfois vraiment luxueux rivalisent d’élégance et de bon goût avec  les spas européens les plus modernes et offrent à leurs clientes un confort qu’elles n’ont pas toujours chez elles.

 

Dans les communautés où les clientes sont nombreuses, le Mikvé peut parfois en accueillir vingt ou trente à la fois avec trois ou quatre bassins d’immersion. Dans ces structures, un système de téléphone intérieur relie chaque salle de bains au bureau d’accueil et la Balanit, la dame responsable de la bonne marche de l’établissement veille soigneusement à préserver l’anonymat de chacune. Les Mikvés les plus centraux ont prévu des salles de conférence utilisées pour des visites guidées éducatives.

 

De nos jours, il n’existe pas de communauté juive organisée qui ne dispose de son propre Mikvé. Dans des endroits lointains et même exotiques – Anchorage en Alaska, Bogota en Colombie, Yerres en France ; Ladispoli en Italie ; Agadir au Maroc ; Asuncion au Paraguay ; Lima au Pérou et Le Cap en Afrique du sud ; Bangkok en Thaïlande et Zarzis en Tunisie ; pratiquement toutes les grandes villes en ex-Union Soviétique : on y trouve des Mikvés cachères et confortables avec des rabbins (et des épouses de rabbins) dévoués et capables d’offrir aide et assistance à toutes celles qui en ont besoin. Dans de nombreuses communautés, on peut demander à visiter le Mikvé. Quand on s’installe dans une nouvelle ville ou quand on voyage, on peut se renseigner sur le Mikvé local en téléphonant à la synagogue orthodoxe, au bureau du Mikvé ou au Centre communautaire Loubavitch le plus proche.

 

                               II

 

L’immersion dans le Mikvé a offert une porte vers la pureté depuis la création du premier homme. Le Midrach relate qu’après qu’Adam ait été chassé du Gan Eden, le Paradis, il s’assit dans une rivière qui coulait de ce Jardin d’Eden. Ce fut une part intégrante de son processus de Techouva (retour à D.ieu), une tentative de retrouver son état de perfection originelle.

 

Avant la révélation du Sinaï, tous les Juifs reçurent l’ordre de s’immerger afin de se préparer comme il se doit pour se retrouver face à D.ieu.

 

Dans le désert, le célèbre Puits de Myriam servit de Mikvé. Et l’intronisation de Aharone et ses fils dans leur fonction de prêtres fut marquée par leur immersion dans l’eau du Mikvé.

 

A l’époque du Beth Hamikdach, le saint Temple de Jérusalem, les Cohanim (prêtres) ainsi que chaque Juif qui désirait pénétrer dans le sanctuaire devaient d’abord s’immerger dans le Mikvé.

 

A Yom Kipour, le jour le plus saint de l’année, le Cohen Gadol (le grand Prêtre) devait entrer dans l’endroit le plus saint du monde, le Kodech Hakodachim, le Saint des Saints, l’endroit le plus intérieur du Temple, dans lequel aucun autre mortel n’avait le droit de pénétrer. C’était l’instant le plus dramatique d’une journée qui voyait se succéder les étapes d’une ascension spirituelle intense : chacune de ces étapes était précédée d’une immersion dans le Mikvé.

 

Les principaux usages du Mikvé de nos jours sont définis dans la loi juive et remontent à l’aube de l’histoire juive. Ils impliquent de nombreux éléments de la vie juive. Le Mikvé est une part intégrante de la conversion au judaïsme. Le Mikvé est nécessaire pour immerger les ustensiles de cuisine achetés chez un non-Juif avant qu’ils puissent être utilisés dans une maison juive. Le principe du Mikvé est également central pour la Tahara, les rites de purification effectués avant l’enterrement, avant que l’âme ne rejoigne sa source en Haut. La façon de verser de l’eau sur le corps d’une manière spécifique sur tout le corps du défunt sert de Mikvé.

 

Le Mikvé est aussi utilisé par les hommes à certaines occasions : à part la conversion, ce ne sont que des coutumes. La plus connue est l’immersion du marié le jour de son mariage et de chaque homme la veille de Yom Kipour. De nombreux ‘Hassidim se trempent au Mikvé chaque Chabbat et jour de fête ou même chaque matin en guise de préparation à la prière (dans les villes à forte population juive, des Mikvés pour hommes sont construits  pour faciliter l’observance de cette coutume). Mais l’usage le plus important du Mikvé concerne la femme juive.

 

Pour la femme qui a ses règles, l’immersion dans un Mikvé fait partie d’un cadre plus large mieux connu sous le nom de Taharat Hamichpa’ha (la Pureté Familiale). Comme dans chaque domaine de la vie juive, la Pureté Familiale implique un ensemble de lois détaillées   concernant le pourquoi, le comment et le quand. Etudier avec une femme qui a de l’expérience dans ce domaine est la manière la plus efficace et la plus traditionnelle d’acquérir les compétences  et les connaissances nécessaires. Dans les villes où la population juive est forte, les fiancées étudient en groupes. La plupart des femmes cependant préfèrent apprendre ces lois en en discutant face à face avec une dame expérimentée. Les livres ne sont qu’un pauvre substitut au professeur ; certains titres peuvent être utilisés comme un guide pour ces lois ou pour vérifier une référence. Ce que nous allons exposer n’est qu’un aperçu succinct  de ces lois. Ce n’est pas et cela n’a pas la prétention d’être un substitut  à une étude approfondie de ce sujet.

 

La pureté familiale dépend u cycle mensuel de la femme. Dès le début des règles, les époux se séparent physiquement jusqu’à ce que la femme ait pu compter sept jours propres après la fin de ses règles et se soit immergée dans un Mikvé. Afin d’éviter  de violer ces lois, les époux évitent toute action qui pourrait les inciter à manifester de l’affection : tout contact physique est interdit. Le terme technique  pour la femme dans cet état est Nidda (qui signifie littéralement : séparée).

 

Exactement une semaine après l’arrêt des règles, la femme se rend au Mikvé. L’immersion ne peut avoir lieu qu’après la tombée de la nuit du septième jour et est précédée par un bain  et une toilette complète. L’immersion n’est valide que lorsque les eaux du Mikvé enveloppent complètement la femme, y compris tous ses cheveux. Pour cela, la femme se baigne, se lave les cheveux, se peigne soigneusement et ôte de son corps tout ce qui pourrait empêcher l’immersion totale.

 

L’immersion dans le Mikvé est le point culminant de la procédure de Taharat Hamichpa’ha. C’est un moment très spécial pour la femme qui a adhéré aux multiples contraintes de cette Mitsva et qui a attendu cette  nuit avec impatience. Cependant, il peut arriver  que la femme se sente tendue ou pressée pour des raisons relatées ou extérieures à ces rites. Elle doit alors s’efforcer de se relaxer, prendre quelques moments pour réfléchir  à l’importance de l’immersion, se calmer et lentement, se tremper dans l’eau du Mikvé. Après s’être trempée une fois, elle se relève et, dans l’eau du Mikvé, elle récite la bénédiction de la purification rituelle  puis, selon une coutume largement répandue, se trempe encore deux fois. De nombreuses femmes utilisent ce moment très spécial pour adresser des prières personnelles à leur Créateur, prier pour leur mari et leurs enfants ainsi que pour tout le peuple juif en général. Après l’immersion, mari et femme peuvent reprendre leur vie de couple.

 

                                                III

 

Avant d’explorer les dimensions profondes de ce rituel, nous devons d’abord brièvement examiner la centralité du Mikvé dans la vie juive.

 

De nombreux Juifs – même ceux qui se considèrent comme laïcs – connaissent au moins virtuellement certains préceptes religieux tels que le Chabbat, les lois de la Cacherout, Yom Kipour et d’autres lois. Par contre, le Mikvé et les lois de Pureté Familiale sont nimbées d’obscurité, comme une page arrachée d’un livre et qu’on aurait oubliée si on peut dire.

 

Pourtant l’observance de la Pureté Familiale est un commandement biblique de la plus haute importance. Ne pas respecter ces lois est équivalent aux transgressions les plus graves comme manger du ‘Hametz (pâte levée) à Pessa’h, manger intentionnellement durant la journée sainte de Yom Kipour ou ne pas entrer dans l’alliance de la Brit Mila (la circoncision).

 

La plupart des Juifs estiment que la synagogue est centrale dans la vie juive. Mais la loi juive déclare  que la construction d’un Mikvé  est prioritaire, plus importante encore que la construction d’une maison de prières. On peut même vendre aussi bien une synagogue qu’un Séfer Torah (le rouleau sacré de la Torah) afin de réunir les fonds nécessaires à la construction ou l’entretien d’un Mikvé ! D’ailleurs, aux yeux de la loi juive, un groupe de familles juives qui vivent ensemble n’est pas appelé communauté tant que n’a pas été construit un Mikvé communautaire.

 

La raison en est simple : la prière individuelle et même communautaire peut se faire pratiquement n’importe où ; des salles pour la tenue d’événements familiaux ou sociaux peuvent se trouver partout. Mais la vie de couple juive et donc la naissance des générations futures en accord avec la Hala’ha n’est possible que s’il y a la possibilité d’avoir accès à un Mikvé. Il n’est pas exagéré d’affirmer que le Mikvé est le fondement de la vie juive et le mode d’accès à un avenir juif.

 

                                               IV

 

Nous avons déjà mentionné que la fonction du Mikvé n’est pas de renforcer l’hygiène : le Mikvé remplit une fonction spirituelle.

 

La vie juive est imprégnée de la notion de Havdalla – la séparation, la distinction. Le samedi soir, alors que le Chabbat  s’achève et qu’une nouvelle semaine commence, on  rappelle aux Juifs  que des limites sont fixées à tous les aspects de leur vie. Sur une coupe de vin, le Juif bénit D.ieu qui « distingue entre le sacré et le profane, entre la lumière et l’obscurité, entre Israël et les nations, entre le septième jour et les six jours de travail… »

 

De fait, la traduction littérale du mot hébraïque Kodech – le plus souvent traduit par « saint » - est : séparé, mis à part des autres pour un but unique, pour la consécration.

 

Par bien des aspects, le Mikvé est l’étape qui sépare le profane du sacré mais c’est encore plus que cela. Tout simplement, l’immersion dans le Mikvé marque un changement de statut – mieux encore : une élévation. Sa formidable particularité réside dans sa capacité de transformer, littéralement de métamorphoser !

 

Des ustensiles qui, auparavant, ne pouvaient pas être utilisés peuvent maintenant être utilisés pour l’acte saint qu’est le repas du Juif. Une femme qui, depuis le début de ses règles était dans un état de Nidda, séparée de son mari, peut, après l’immersion, être réunie avec lui dans l’intimité la plus sainte. Des hommes et des femmes à l’époque du Temple, qui en étaient tenus à l’écart à cause de diverses formes d’impureté rituelle, pouvaient, après l’immersion, retourner dans la Maison de D.ieu et s’impliquer dans le processus des sacrifices et jouir des révélations uniques de ce lieu. Le cas du converti est encore plus extraordinaire : l’individu qui  descend dans le Mikvé comme un non Juif en ressort comme un Juif.

 

Les commandements de D.ieu, les 613 Mitsvot, sont divisés en trois catégories distinctes :

-          Les Michpatim sont ces lois qui régissent la vie civile et morale : elles sont logiques, facilement compréhensibles et largement appréciées comme les pivots et les fondations d’une société saine et viable. On peut citer par exemple l’interdiction du meurtre, du vol et de l’adultère.

-          Les Édout sont ces rites qu’on peut décrire comme des témoignages. Dans cette catégorie sont inclus les nombreux actes religieux qui rappellent au Juif des moments historiques importants, qui servent de rappels des principaux articles de foi comme le respect du repos chabbatique, la célébration des fêtes et le fait de fixer une Mezouza à l’entrée de chaque pièce.

-          Les ‘Houkim, par contre, sont des principes supra-rationnels. Ce sont des décrets divins à propos desquels l’esprit humain ne peut formuler aucune appréciation. Les ‘Houkim défient complètement l’intellect humain et la compréhension. Depuis les temps les plus immémoriaux, ils ont été une source de moqueries, la cible des détracteurs du culte juif dans toutes les générations. Pour un Juif pratiquant, ils personnifient la Mitsva à l’état pur : une occasion unique de se connecter à D.ieu sans motif ultérieur. Ces Mitsvot sont reconnues comme les plus importantes, dont l’observance est capable d’affecter l’âme à son niveau le plus profond. Comme ils ne sont pas limités  par l’esprit humain, ces décrets sont mis en œuvre pour une seule raison : la volonté d’accomplir  la volonté de D.ieu ! Des exemples de tels ‘Houkim sont l’interdiction de porter du Chaatnez (vêtements de lin et laine mélangées) ainsi que les lois de pureté rituelle et du Mikvé.

 

Une fois qu’on a admis cela, on reconnaît que la raison ultime de cet ensemble de lois que constitue la Pureté familiale - avec son point d’orgue que constitue le Mikvé – est impossible à appréhender. Nous les respectons uniquement parce que D.ieu l’a ainsi ordonné. Cependant certains aspects de cette Mitsva peuvent nous aider à ajouter une dimension mystique et une signification à notre expérience du Mikvé.

 

Au début n’existait que l’eau. C’était un rassemblement miraculeux, la source principale et le facteur vivifiant de toute subsistance et donc, par extension,  de toute vie telle que nous la connaissons. Mais le judaïsme nous enseigne encore davantage : ces éléments – l’eau comme une source et l’énergie nourricière – ont leurs correspondances dans le monde spirituel. L’eau a la capacité de purifier, de restaurer et d’ajouter de la vie à notre moi le plus profond, à l’essence même de notre être.

 

Le Mikvé personnifie aussi bien le ventre de la mère que le tombeau, la porte de la vie comme celle de l’autre vie, après 120 ans. A ces deux étapes, la personne est dépouillée de toute capacité et de tout ornement. A ces deux stades, la personne se confie totalement, n’a aucun contrôle de ce qui lui arrive. L’immersion dans le Mikvé peut être comprise comme un acte symbolique d’abnégation de soi, la suspension consciente de son égo en tant que source de force autonome. En agissant ainsi, le Juif qui se trempe au Mikvé démontre un désir de réaliser l’unité parfaite avec la source de toute vie, la fusion primitive avec D.ieu. L’immersion indique l’abandon d’une forme d’existence  pour parvenir à un niveau infiniment supérieur. Alors l’immersion dans le Mikvé  n’est plus décrite en termes de purification, de revitalisation et de rajeunissement mais aussi et peut-être surtout, en terme de re-naissance.

 

                                               V

 

Dans le temps, les femmes qui avaient leurs règles étaient considérées  comme une grave source de consternation et de crainte. Au mieux, on les évitait. Au pire, elles étaient humiliées et mises à l’écart. Souvent les femmes qui  avaient leurs règles étaient  blâmées comme étant la cause des tragédies et des problèmes, comme si elles polluaient leur environnement avec leur souffle et leurs émanations. C’était une réaction simpliste – sinon maléfique -  à un phénomène complexe dont la raison échappait à l’esprit primitif. Dans ces sociétés, la paix ne pouvait être obtenue avec cette occurrence qu’en l’attribuant à des esprits malins ou même démoniaques et en adoptant les structures sociales qui facilitaient la mise à l’écart.

 

Dans ce contexte moyenâgeux, le rythme de la vie maritale juive est perçu par nombre  de gens comme un relent de ce tabou archaïque, un système  enraciné dans des préjugés antiques et, pour tout dire, une forme certaine de misogynie. Mais, en vérité, la Pureté Familiale est un hymne à la vie et à la relation humaine la plus précieuse. Elle peut être comprise plus profondément  dans le cadre des notions de pureté et d’impureté.

 

Le judaïsme enseigne que la source de toute Taharah, pureté est la vie elle-même. Par contre, la mort est la source de la Toumah, l’impureté. Toutes les sortes d’impureté rituelle – et la Torah en décrit plusieurs catégories – sont enracinées dans l’absence de vie et même, dans une certaine mesure – avec une subtile glissée vers la mort.

 

Réduites à leur plus simple explication, les règles de la femme annoncent la mort d’une vie en devenir. Chaque mois, le corps de la femme prépare la possibilité d’une conception. La paroi utérine se tapisse – comme un nid douillet qui s’apprête à devenir le berceau d’une nouvelle vie – pour accueillir un ovule fertilisé. Les règles indiquent que l’ovule n’a pas été fertilisé, c’est la fin d’une vie qui aurait été possible.

 

La présence d’un potentiel de vie remplit le corps de la femme de sainteté et de pureté. Avec le départ de ce potentiel, l’impureté s’installe et confère à la femme cet état d’impureté ou, plus spécifiquement, de Nidout. L’impureté n’est ni  mauvaise ni dangereuse et n’est pas quelque chose de tangible. L’impureté est un état spirituel, l’absence de pureté, tout comme l’obscurité est l’absence de lumière. Seule l’immersion dans le Mikvé, si elle a été précédée de tous les préparatifs nécessaires, a le pouvoir de changer le statut de la femme.

 

Le concept de pureté et d’impureté tel qu’il est décrit par la Torah et appliqué dans la vie juive est absolument unique. Il n’a aucune forme de ressemblance ou d’équivalence dans notre époque post moderne. C’est peut-être pour cela que l’esprit contemporain trouve difficile d’absorber cette notion et de la considérer comme essentielle, vitale.

 

Dans les temps anciens, cependant, Touma et Tahara étaient des notions essentielles et des facteurs déterminants. Le statut d’un Juif  - qu’il ou elle soit  rituellement pur ou impur – étaient fondamentaux  dans la vie juive : il dictait et régulait la conduite de la personne dans toutes les étapes du rituel. Et surtout, la Touma rendait impossible l’entrée dans le saint Temple et donc toute participation  aux offrandes des sacrifices.

 

Il existait différentes formes d’impureté qui pouvaient affecter les Juifs – affectant ainsi aussi bien leur vie intime que leur participation  au service du Temple – et un nombre correspondant de processus de purification. L’immersion dans le Mikvé était le point culminant de la purification dans tous les cas. Même la personne rituellement pure qui désirait accéder à un niveau supérieur de sainteté ou participer à des formes de rituel plus élevées devait au préalable s’immerger dans le Mikvé. C’est dire que l’institution du Mikvé tenait une place centrale dans la vie juive.

 

De nos jours, dans cette période suivant la destruction du Temple, la puissance et l’implication du statut rituel ont pratiquement disparu, reléguant cette dynamique dans les recoins de l’histoire. Il subsiste néanmoins un domaine dans lequel la pureté et l’impureté continuent de jouer un rôle fondamental – et c’est ce qui concerne la sexualité humaine. Pour comprendre cela, nous devons d’abord comprendre comment la Torah considère ce domaine si intime.

 

                                               VI

 

La soi-disant incompatibilité de la sexualité et de la spiritualité – plus précisément leur nature antithétique – est une notion qui, alors qu’elle est contraire à la pensée de la Torah est attribuée par nombre de penseurs à la philosophie juive sous la rubrique plus large et tout à fait mythique de « croyance judéo- chrétienne ». Peu de concepts erronés ont causé autant de mal que cette fausse appréhension si largement répandue.

 

En contradiction saisissante avec le dogme chrétien – selon lequel le mariage est considéré comme une concession  aux faiblesses de la chair et dans lequel le célibat est considéré comme une vertu – la Torah accorde au mariage un statut élevé et saint.

 

Au sein de cette union consacrée, l’expression de la sexualité humaine est une obligation, une Mitsva. De fait, c’est la première Mitsva de la Torah et l’une des entreprises humaines les plus sacrées.

 

Bien plus, cet acte d’amour donne le signal d’une vie nouvelle potentielle, la formation d’un nouveau corps et la descente sur terre d’une nouvelle âme. En fusionnant, l’homme et la femme deviennent partenaires de quelque chose de plus vaste : en transcendant leur existence, ils attirent et même touchent le Divin. Ils entrent en partenariat avec le Créateur ; ils se rapprochent au maximum de la possibilité divine de création. De fait, la sainteté de l’union intime demeure intégrale même quand la possibilité de conception n’existe pas. Sur un plan métaphysique, l’acte et le potentiel de création de vie demeurent liés.

 

La sexualité humaine est un domaine essentiel de la vie du couple marié ; c’est l’expression unique de l’amour que ressentent mari et femme. Une relation forte entre les époux est non seulement la colonne vertébrale de leur propre unité familiale mais est essentielle pour le monde alentour. Car les bénédictions de confiance, de stabilité, de continuité et, finalement, de communion dépendent de l’engagement qu’ils manifestent l’un envers l’autre en vue de leur avenir commun.

 

En réaffirmant leur engagement, dans leur vie intime, les époux ajoutent à la santé et au bien être de la société dont ils font partie, à l’humanité en général  et, finalement, à la réalisation du plan divin : obtenir un monde rendu parfait par l’intervention de l’homme. En accédant à la fusion personnelle de leurs êtres dans l’intimité de leur foyer, ils sont créateurs de paix, d’harmonie, de guérison – à une échelle micro-cosmique mais qui a des répercussions macro-cosmiques – et, ainsi, ils sont partenaires des buts les plus sacrés.

 

A cette lumière, on comprend mieux pourquoi les relations  conjugales sont souvent   décrites comme le Saint Temple  des entreprises humaines. Et l’accès au Sacré a toujours été et continue de dépendre de la pureté rituelle.

 

Alors que nous ne pouvons plus actuellement servir D.ieu dans un Temple bien réel à Jérusalem, nous pouvons ériger un sanctuaire sacré à l’intérieur de nos vies. L’immersion dans le Mikvé est la porte d’entrée aux dimensions sacrées de la conjugalité.

 

                                               VII

 

Les Lois de la Pureté Familiale sont des décrets divins. Il n’existe aucune raison plus acceptable, plus logique, plus légitime ou plus essentielle pour justifier leur observance. C’est un commandement difficile, une discipline  qui exige de nous du temps et de l’investissement psychologique, qui impose un stress à nos émotions. C’est une tension imposée à notre corps, une façon de vivre que l’homme moyen n’aurait pas l’idée de choisir ou de s’imposer. Ces lois font appel à une suspension volontaire de notre libre arbitre, elles asservissent nos désirs les plus intimes à une autorité supérieure.

 

Et c’est là que réside le formidable impact de cette Mitsva. Réaliser qu’elle provient d’un plan plus vaste que sa petite personne – qu’elle n’est pas basée sur les émotions ou les décisions subjectives de l’un ou de l’autre – permet à Taharat Hamichpa’ha d’œuvrer  pour le bien mutuel du mari et de la femme. Il est ironique de constater que cette Mitsva si « insondable » déverse sur nous ses bénédictions plus que toute autre, d’une façon quotidienne, presque palpable. Sa récompense est proportionnelle avec le défi que représente son observance.

 

A première vue, le système du Mikvé évoque des restrictions, des contraintes – une perte de liberté. En vérité, toute émancipation naît de restrictions. Des enfants (et des adultes) assurés, confiants, bien équilibrés  sont des enfants disciplinés ; ils comprennent les restrictions et, finalement, apprennent à se contrôler. Des pays paisibles, stables sont des morceaux de terre entourés de frontières bien définies, bien gardées. Etablir  des paramètres crée des terres fermes au sein du chaos et de la confusion ; cela permet  de traverser ce qu’on appelle la vie d’une manière progressive et productive. Et dans aucun autre domaine cela n’est aussi nécessaire que dans nos relations les plus intimes.

 

« De tous arbre du jardin, tu pourras manger mais de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, tu ne mangeras pas… ». Tel était l’ordre de D.ieu à Adam et Eve le jour où ils ont été créés. Mais ils ont failli ce terrible vendredi après midi et l’histoire de toute l’humanité en fut affectée à jamais.

 

La nature de la sexualité humaine tire sa complexité de cet épisode. Car l’Arbre de la Connaissance contenait un mélange de bon et de mauvais et se permettre pour le premier homme d’acquérir cette « connaissance » introduisit un nouvel ordre mondial : un monde où le bon et le mauvais sont mêlés, un monde de confusion et de défis, avec des choix multiples et des possibilités infinies.

 

Les relations intimes  - parmi d’ailleurs de nombreuses autres fonctions biologiques - ne seraient plus jamais aussi naturelles et simples que les autres. Etre banni du Jardin d’Eden signifiait l’introduction d’une nouvelle sexualité, remplie de tensions. Celle-ci pourrait être à la fois la clé d’une grande extase mais aussi d’une peine infinie, la sensation d’achèvement ultime ou la plus frustrante expérience du vide. Une union satisfaisante nécessiterait un engagement  total et une attention constante de l’homme comme de la femme. Mais même les efforts maximums tentés par l’homme devraient être validés par une aide d’En-Haut. La bénédiction coulerait  d’un réservoir appelé Mikvé et l’Eden comme il était avant le pêché pourrait être obtenu à nouveau.

 

Aussi banal que cela puisse résonner, le Mikvé offre la possibilité de répéter l’expérience de la « lune de miel » tout au long de la vie mariée. L’ennui, le train-train peuvent effriter n’importe quelle relation et en saper les bases. La séparation mensuelle obligatoire attise les sentiments de désirs et d’attente – ou au moins appelle l’appréciation – qui sont suivis par l’excitation des retrouvailles.

 

Tout au long de la vie, le fait de disposer de satisfactions sexuelles sans fin peut très bien mener à une diminution de la libido ou même à une  perte d’intérêt. La séparation mensuelle permet aux couples de chérir le temps dont ils disposent ensemble et donne aux époux quelque chose à espérer quand ils sont séparés. Chaque mois, ils doivent se séparer - et ce n’est pas toujours quand cela les arrange ou que cela est facile – mais l’un attend l’autre. Ils comptent les jours qui les séparent des retrouvailles et, à chaque fois, leur union renouvelée augmente de qualité. C’est ainsi que le Talmud déclare : « Afin qu’elle soit aussi aimée que le jour de son mariage ! ».

 

La relation homme-femme est construite sur un modèle de retrait et d’union. La Torah nous enseigne que Adam et Eve avaient, à l’origine, été créés comme un seul être, androgyne. Par la suite, D.ieu les a séparés, leur donnant d’un côté une certaine indépendance et, d’un autre côté, la possibilité de choisir de s’unir à nouveau. Depuis lors, les hommes et les femmes ont constamment suivi un mouvement d’union et de retrait. Le système du Mikvé offre au couple cette dynamique nécessaire. A l’intérieur de leur engagement à vivre ensemble et à être toujours loyal l’un envers l’autre, dans le cadre de la monogamie et de la sécurité, fonctionne néanmoins cette espèce de mécanique à ressort. D.ieu a désiré que l’homme et la femme se cherchent par eux-mêmes et travaillent à cette recherche – non seulement une fois dans leur vie mais constamment – dans un processus constant d’aspiration à devenir « une seule chair ».

 

Les êtres humains partagent une tendance intuitive quasi universelle pour ce qui est interdit. Chlomo Hamélè’h, le Roi Salomon, l’homme le plus intelligent du monde, évoquait les «eaux dérobées qui sont plus douces ». Combien d’individus, par ailleurs  intelligents et posés ont-ils provoqué la faillite de leur couple et de leur famille en s’engageant  dans des relations interdites à cause d’une perspective romantique  et nouvelle qu’elle semblait leur promettre ! Le Mikvé introduit un nouveau scénario : le conjoint – son partenaire dans la vie, jour après jour, pour le meilleur et pour le pire – devient temporairement inaccessible, interdit, intouchable. Souvent cela donne aux couples une raison et une chance  de considérer l’autre d’un œil nouveau. Dans cette période de « retrait », de ce point de vue, ils en viennent à se considérer et à s’apprécier avec un intérêt renouvelé.

 

La discipline de Taharat Hamichpa’ha est aussi utile dans d’autres aspects : la fluctuation et la disparité du désir sexuel ne peuvent jamais être complètement au même niveau pour les deux partenaires. Mais la régulation par le système du Mikvé permet de faire baisser la tension qui s’installe à cause de cela. Les couples qui doivent se restreindre durant douze jours minimum savent que le moment des retrouvailles est pour l’un comme pour l’autre le moment le plus puissant de leur relation, un moment qu’ils savent chérir et savourer.

 

Pour de nombreuses femmes, la période où elles sont Nidda leur offre également  une certaine mesure de solitude et d’introspection. De plus, elles gagnent un sentiment d’autonomie sur leur corps et, effectivement, sur la relation physique qu’elles partagent avec leur époux. Cela leur donne une certaine force et un réconfort grâce à la conscience que les hommes ne peuvent assouvir tous leurs caprices et qu’elles ne sont pas toujours à la disposition de leurs caprices.

 

Les bénéfices apportés à la vie conjugale par la pratique de la Pureté Familiale ont été reconnus par de nombreux experts, aussi bien juifs  que non-juifs. Ce genre d’analyse - comme tous les autres -  peut être sujet à polémiques et critiques. Mais finalement, l’influence puissante du Mikvé sur le peuple juif – sa promesse d’espoir et de rédemption – est enracinée dans la Torah et découle de la foi en D.ieu et en Sa parfaite sagesse.

 

                                               VIII

 

Le judaïsme prône  la consécration de la sexualité humaine. Il ne suffit pas que l’intimité soit le sujet de l’engagement  et à la promesse d’exclusivité : elle doit être consacrée. C’est ainsi que la première fois que l’immersion dans  le Mikvé est obligatoire est la veille du mariage.

 

Le Mikvé avant le mariage – à proprement parler– ne dépend pas d’un engagement  à observer par la suite régulièrement les lois de la Pureté Familiale. Pourtant, cela ne devrait pas être compris comme indépendant de ce cadre élargi. C’est simplement la première fois qu’une femme juive accomplit l’ordre de se purifier de cette manière. Et c’est une façon extraordinaire et des plus appropriées de commencer une nouvelle vie ensemble avec son bien-aimé

 

Après avoir étudié les détails et en leur ayant accordé toute leur importance, tous les futurs mariés juifs peuvent facilement les intégrer dans leurs préparatifs de mariage. La date de mariage devrait être calculée selon le calendrier de la jeune fille afin de lui permettre de s’immerger dans le Mikvé en temps voulu.

 

Les gens dépensent énormément de temps et d’énergie pour préparer un mariage. Chacun estime plus ou moins confusément qu’un mariage parfait signifie un début parfait dans la vie. Mais tout individu qui réfléchit connaît les limites de l’être humain. Ce dont nous avons le plus besoin et ce qui nous manque le plus – la santé, la chance, les enfants – se trouvent au-delà de notre contrôle. Tandis que nous laissons éclater notre joie avec la formule traditionnelle de Mazal Tov, nous présentons de fait une prière vers le Tout Puissant en L’implorant pour qu’Il accorde à ce nouveau couple d’abondantes bénédictions. L’immersion dans le Mikvé est une façon importante d’attirer  D.ieu et Ses bénédictions au sein de ce couple.

 

Tant que la femme a ses règles, son cycle mensuel dicte le rythme des relations conjugales à l’intérieur de son couple et c’est chaque mois une Mitsva pour le mari et la femme de puiser le renouveau grâce aux eaux du Mikvé. Pour ces couples qui n’ont pas eu l’occasion – par manque de connaissance souvent – de s’engager à suivre ces lois de Pureté Familiale depuis le début, il n’est jamais trop tard  pour commencer à suivre ces lois. De même, alors que l’observance devrait idéalement être continue, il ne faudrait pas laisser passer un seul moment supplémentaire sans accomplir cette Mitsva si importante. Par ailleurs, cette pratique ne dépend pas de l’observance des autres commandements de la Torah. Le Mikvé n’est pas – comme certains le pensent parfois à tort - l’apanage, le domaine exclusif des familles de stricte observance.

 

Même les couples qui n’adhèrent pas encore strictement à ces lois régulièrement devraient s’efforcer de les appliquer consciencieusement  avant la conception de leurs enfants. Le Mikvé – comme nous l’enseignent nos Sages -  est le conduit par lequel des âmes saines et saintes peuvent s’investir dans des corps sains et se placer à leur service.

 

Pour la femme ménopausée, une dernière immersion dans le Mikvé lui permet d’atteindre la pureté pour le reste de sa vie. Même une femme qui n’a jamais auparavant fréquenté le Mikvé devrait fournir un effort spécial pour se tremper au moins une fois comme il convient après les préparatifs nécessaires dans le Mikvé après sa ménopause. Il n’est jamais trop tard, une femme peut toujours s’immerger une dernière fois même si de nombreuses années se sont écoulées depuis qu’elle a atteint l’âge de la ménopause. Ainsi elle permet à toutes les relations intimes futures  d’être bénies par D.ieu Lui-même. De plus, cette bénédiction est rétroactive ! Par cette dernière immersion, la femme « cachérise » pour ainsi dire les enfants qu’elle a déjà mis au monde et qui sont peut-être déjà mariés eux-mêmes !

 

Le plus grand cadeau accordé par D.ieu à l’humanité est la Techouva – la possibilité de retourner, de recommencer une nouvelle vie et de laver les fautes passées. La Techouva permet à l’homme de s’élever au dessus des limites imposées par le temps et permet aux actes positifs d’affecter notre vie rétroactivement. Une seule immersion dans le  Mikvé, même tard dans la vie, peut sembler insignifiante, négligeable. Mais si elle est effectuée avec sincérité et conscience de la Mitsva, elle s’élève à des hauteurs insoupçonnées. Elle apporte la pureté et une formidable puissance régénérative non seulement pour le présent et l’avenir mais même pour le passé.

 

Ainsi, chaque femme se lie à une tradition constante qui s’est maintenue tout au long des générations. Par le Mikvé, elle se met en contact immédiat avec la source de vie, la pureté et la sainteté – avec le D.ieu qui l’entoure et qui est toujours avec elle.

(d’après l’Introduction du livre Total Immersion : A Mikvah Anthology – par Rivka Slonim - Jason Aronson 1996) traduit par Feiga Lubecki.