La mystique du Mikvé

 Par Sara Karmely

mikve picture-slonim article2.jpgSelon les lois de la génétique, une femme hérite de sa Mère certaines caractéristiques et elle peut en être fière. La toute première Mère Juive fut Sara Iménou et elle nous a fait hériter, à nous ses filles,  trois Mitsvot spécifiques, en héritage et en cadeau éternel. La première de ces Mitsvot est l’allumage des bougies de Chabbat. Elle allumait ses bougies de Chabbat (ou ses lampes à huile avec des mèches) et elles brûlaient durant toute la semaine. Le vendredi, elles s’éteignaient sauf une flamme à partir de laquelle elle pouvait allumer les bougies suivantes.  Cela signifie que, dans nos maisons également, les bougies que nous allumons pour Chabbat apportent non seulement  une lumière physique, limitée mais aussi une lumière puissante et infinie qui illumine le monde entier et élimine l’obscurité alentour. Nous apportons la lumière spécialement en Eretz Israël et nous mériterons d’apporter la lumière de la rédemption ultime.

 La seconde Mitsva est celle de la ‘Halla. Sara Iménou faisait cuire son pain et la pâte était bénie parce que de nombreuses personnes devaient en manger et, de plus, elle était délicieuse et abondante, elle apportait la satiété à tous ceux qui en consommaient. La signification plus profonde de cette Mitsva est la cacherout, puisque c’est d’habitude la femme qui est en charge de la cacherout de sa maison.

 La troisième Mitsva  est du domaine essentiel de la femme. Une nuée planait sur la tente de Sara Iménou. Ce n’était pas un nuage de pluie mais la manifestation de la Che’hina, la Présence Divine de D.ieu qui apportait non seulement protection mais aussi bénédiction. Elle observait la Mitsva de Taharat Hamichpa’ha, la pureté familiale. Chaque femme juive est capable d’accomplir ces trois Mitsvot et, ce faisant, elle apporte des bénédictions infinies sur son foyer car elle est véritablement le socle de sa maison ; c’est elle qui donne le ton. C’est une énorme responsabilité  qu’Hachem a confiée à la femme juive mais, en même temps, c’est un grand compliment que d’être rendue responsable du bien-être de nos maris, de nos enfants et petits-enfants, aussi bien de leurs corps que de leurs âmes. C’est précisément la raison pour laquelle cette Mitsva est appelée Taharat Hamichpa’ha, la pureté FAMILIALE et non Taharat Ha Icha, la pureté de la femme : cette Mitsva affecte la famille toute entière et non seulement la femme.

 Souvent on me pose la question : « Mais où tout ceci est-il écrit dans la Torah ? ». De fait les premiers versets de la Torah sous-entendent que le monde tout entier était à l’origine immergé dans un  Mikvé Mayim, un rassemblement d’eaux vives. De fait, c’était la naissance du monde qui était en train d’émerger du liquide amniotique qui le recouvrait. C’est précisément ce qui se passe quand une femme s’immerge dans le Mikvé (ou une rivière ou la mer si aucun Mikvé n’est à sa disposition). C’est un retour symbolique  dans l’utérus dans lequel elle était enveloppée à l’origine dans le sein de sa mère et une re-naissance quand elle émerge de ces « eaux vives ». Physiquement et spirituellement, une femme se régénère et  rajeunit chaque mois. Elle perpétue la chaîne d’or de ses glorieuses aïeules, remontant aussi loin que les Matriarches qui ont toutes observé minutieusement cette précieuse Mitsva.

 Yom Kipour est le jour le plus saint de l’année et il n’y a que peu de Juifs qui ne l’observent pas. Cependant, les lois de Taharat Hamichpa’ha s’avèrent être encore plus strictes que les lois de Yom Kipour ! Par exemple, si quelqu’un est malade, les rabbins lui expliquent combien il ou elle a le droit de boire ou même de  manger si la vie est en danger, que D.ieu préserve. Mais une femme n’a pas le droit de reprendre des relations conjugales tant qu’elle n’a pas compté le nombre de jours requis de séparation et qu’elle ne s’est pas trempée au Mikvé. Aucune dérogation ne peut être accordée et aucune loi ne peut être changée.

 Par ailleurs, quelle section de la Torah est-elle lue durant l’office de Min’ha de Yom Kipour ? En ce jour sacré, nous lisons la Paracha A’haré Mot qui détaille les unions interdites. Des choses horribles sont écrites : on ne doit avoir de relations intimes ni avec les parents, ni avec les enfants, ni avec les animaux ( ! ! !). Et il est aussi clairement et distinctement mentionné  parmi ces relations interdites l’interdiction non seulement d’avoir des relations mais même de toucher une femme en état de Nidda, c’est-à-dire avant qu’elle ne se soit immergée dans un Mikvé. C’est à la limite effrayant de réaliser qu’alors que Hachem nous a interdit de commettre l’inceste et la bestialité, Il nous a aussi imposé une restriction supplémentaire quand il s’agit d’une femme qui serait Nidda : non seulement l’intimité est interdite mais même le simple fait de la toucher !

 De nombreuses Mitsvot sont accomplies de façon automatique. Une Brit Mila est accomplie au huitième jour et non au second ou au 6ème. C’est parce que Hachem nous a dicté comment et quand l’effectuer. Manger du cochon ou du lait avec de la viande semble convenir à tous dans le monde extérieur, alors pourquoi devons-nous nous en abstenir ? C’est parce que certaines Mitsvot s’appellent des ‘Houkim, c’est-à-dire qu’elles n’ont aucune raison rationnelle, nous ne pouvons compter que sur la parole de Hachem, contrairement au meurtre, au respect des parents et au vol que nous pouvons comprendre parce qu’elles ont un sens. Taharat Hamichpa’ha par contre tombe dans la catégorie des Houkim, nous ne pouvons que nous reposer sur la sagesse infinie de D.ieu. Il sait ce qu’Il fait et, de la même manière que nous avons confiance  dans un spécialiste ou un bon docteur, de même nous avons foi et confiance en Lui puisqu’Il est le spécialiste originel : c’est Lui qui nous a créés et Il sait ce dont nous avons besoin et ce qui est bon pour nous. Nous savons pouvoir avoir confiance en Lui qu’Il nous accordera notre prochain souffle et nous le tenons pour acquis.

 Mais même sans une foi aveugle, les avantages de l’observance des lois du Mikvé sont évidents. La santé par exemple. C’est un fait prouvé médicalement que les femmes qui observent cette Mitsva ont statistiquement  un pourcentage moindre  de problèmes gynécologiques ou de maladies. Une étude avait d’ailleurs été menée en Angleterre par un groupe de docteurs non juifs pour déterminer si des groupes de femmes de certaines origines ethniques présentaient des pourcentages moindres de cancers de l’utérus. A leur grande surprise, ils ont découvert que les femmes juives pratiquantes présentaient le taux le plus bas sinon l’absence même de tels cancers ainsi que des cas beaucoup moins fréquents que la moyenne nationale d’infections gynécologiques en tous genres etc. Au début, les chercheurs attribuèrent  ce phénomène au fait que les hommes juifs étaient circoncis et que cela protégeait leurs femmes de certaines bactéries. Cependant leur théorie s’effondra  quand ils réalisèrent que les Musulmans aussi étaient circoncis (depuis l’âge de 13 ans) alors que leurs femmes présentaient les mêmes pourcentages de maladies que les autres femmes.

 Une femme gynécologue qui n’est pas juive m’a raconté une fois qu’elle estimait que sa théorie était que les femmes juives sont protégées de nombreuses infections gynécologiques parce qu’elles procèdent chaque mois à des examens internes pour accomplir comme il se doit la Mitsva de Taharat Hamichpa’ha et que cela leur permettait de détecter les problèmes avant qu’ils aient une chance de se développer. J’ai personnellement eu l’occasion de connaître de nombreux cas de femmes qui  m’ont dit avoir détecté un problème avant même que le médecin ne s’en aperçoive, simplement parce qu’elles s’étaient examinées.

 Un autre avantage  de l’observance de cette Mitsva est le fait que lorsqu’un couple respecte cette Mitsva comme il convient, leur mariage est préservé et garde sa fraîcheur.

 L’abstinence développe le désir du cœur et du corps.

 Quand les relations intimes doivent être suspendues pendant approximativement  douze jours par mois, il est impossible de considérer la disponibilité de l’autre  comme  évidente. Hachem est effectivement un psychologue avisé, Il sait que les gens sont attirés par le « fruit défendu » - alors Il nous l’accorde dans Sa grande bonté sous la forme de notre propre conjoint qui nous est défendu dans le cadre de notre propre couple durant douze jours minimum par mois.

 Quand un argument ou une dispute éclate et qu’il est hors de question d’avoir un contact physique, le couple n’a d’autre choix que d’avoir recours au dialogue. Alors, naturellement, la relation devient une amitié et un respect réciproque : les techniques de communication sont mises en œuvre puisqu’il n’existe pas d’option physique. Cela créé un espace bienvenu pour les deux époux. Au fur et à mesure des années, le couple prend l’habitude de résoudre les différents dans un respect mutuel et les époux ne se considèrent pas l’un et l’autre comme des « objets sexuels ». Quand l’intimité peut reprendre, c’est avec une appréciation renouvelée, avec amour et fraîcheur. C’est un antidote à l’ennui avec son conjoint. D’ailleurs de nombreux thérapeutes prônent une abstinence temporaire comme solution aux problèmes conjugaux.

 Nous sommes prêts à tous les sacrifices pour nos enfants : notre temps, notre argent, nous leur donnons tout ce que nous avons mais quel cadeau sans prix nous leur offrons quand nous observons les lois de Taharat Hamichpa’ha ! Et la bonne nouvelle, c’est que cette Mitsva est RÉTROACTIVE !

Cela signifie que, si une femme se met à observer les lois du Mikvé, ses enfants même déjà grands prennent automatiquement  le statut d’enfants nés selon la pureté familiale.  Un jour, je donnais une conférence dans le New Jersey et l’une des Mitsvot que j’évoquais était le Mikvé. Après mon discours, une femme élégante, d’âge moyen s’approcha de moi. Elle était furieuse : « Pourquoi personne ne m’en a donc parlé jusque là ? éclata-t-elle. On m’a parlé de Cacherout et j’ai cachérisé ma cuisine. On m’a parlé de Chabbat et nous l’observons maintenant méticuleusement. Mais personne ne m’avait parlé de Mikvé et j’ai déjà terminé de mettre au monde  des enfants ! Je l’aurais fait si on m’en avait parlé. Est-ce trop tard pour moi ? ». Je l’ai rassurée, non ce n’était pas trop tard, ce n’est jamais trop tard ! Observer les lois du Mikvé est rétroactif : celle qui ne connaissait pas ces lois et qui commence à les appliquer, cela lui est compté comme si elle l’avait toujours fait ! Même une femme ménopausée ou qui a subi une hystérectomie peut et doit compter douze jours d’abstinence puis se tremper dans un Mikvé pour une dernière fois ; c’est tout à son mérite et son avantage.

 

Hygiène

 

C’est une grossière erreur de croire que l’eau du Mikvé ne serait pas propre. La vérité, c’est que le bassin du Mikvé est bien plus propre qu’une piscine ! Un Mikvé n’est pas valide s’il n’est pas impeccablement propre. L’eau en est changée chaque nuit. Les femmes qui vont au Mikvé mènent une vie chaste et ne sont pas autorisées à se tremper si elles sont porteuses d’une infection quelconque. L’eau est légèrement javellisée afin d’éliminer toutes les bactéries. Avant qu’une femme ne s’immerge, elle doit prendre un bain et une douche et se frotter minutieusement afin d’être  très propre. Je conseille souvent aux femmes qui sont particulièrement délicates de se présenter les premières au Mikvé. Le Baal Chem Tov – le maître du mouvement ‘hassidique -  a promis qu’aucune femme ne tomberait jamais malade à la suite de cette Mitsva. Au contraire, cette Mitsva la protège !

 La quantité minimum d’eau que doit contenir le Mikvé est de 40 Séas. Un Séa est une mesure biblique (environ 75 litres). Ce chiffre 40 a une symbolique chargée pour le peuple juif. Il a fallu 40 jours à  Moché Rabbénou (Moïse notre maître) pour recevoir la Torah sur le Mont Sinaï. Les Juifs ont erré dans le désert durant 40 ans. Un fœtus se forme en 40 jours et la grossesse prend 40 semaines. Le déluge a vu la pluie tomber durant 40 jours et 40 nuits afin de purifier le monde qui était devenu impur et avait besoin  des eaux d’un gigantesque Mikvé.

 L’importance d’un Mikvé est encore renforcée quand on remarque qu’au sommet de Massada, dans le désert et sous l’oppression romaine la plus féroce, on a retrouvé des Mikvaot. Bien que l’eau fût à l’évidence rare et chère, le peuple juif avait réalisé combien le Mikvé était vital pour son existence.

 Nombreuses sont celles qui imaginent à tort que, de nos jours, nous serions exemptes de la Mitsva du Mikvé puisque nous disposons de salles de bains. Elles croient  qu’elles peuvent utiliser leurs propres baignoires pour se rendre quitte de cette Mitsva : elles croient que, dans le temps, les femmes utilisaient le Mikvé  pour se laver puisqu’il n’y avait pas d’eau courante dans les maisons. Le nom même de cette Mitsva – Taharat Hamichpa’ha – prouve que ce n’est pas le cas. Tahara ne signifie pas propreté du CORPS mais pureté de l’AME. Le fait est qu’avant de s’immerger dans le Mikvé, la femme doit être totalement  et scrupuleusement propre à 100%, sinon l’immersion ne serait pas valide. Nous possédons un corps et une âme. Bien que nous ne puissions ni voir ni  toucher   notre âme, nous avons l’obligation de la purifier dans les eaux pures et vivifiantes du Mikvé, le moment voulu. L’eau du Mikvé n’est pas que de l’eau du robinet, c’est aussi de l’eau de pluie – MayimHaïm, de l’eau vive. C’est pourquoi la purification  est pour la Nechama,  l’âme divine. La Mitsva n’est pas obsolète de nos jours, bien au contraire ! Nous avons tous besoin de renforcer nos âmes parce qu’une âme saine contribue à faire un corps sain.

 Le prophète Amos a prédit : « Les jours arrivent où il n’y aura plus de faim de pain ou soif d’eau  mais de divinité ! ». Il est évident que cette prophétie se réalise dans le monde entier, spécifiquement pour cette Mitsva si importante. Nos âmes juives saintes – qui contiennent une partie de l’essence même de D.ieu - ont soif, sont même desséchées et ne peuvent être calmées que par les eaux vives et vibrantes du Mikvé.