Entreprendre le plongeon spirituel

 Par Mindy McLees

mikve picture-freeman1.jpgLe Mikvé pour la femme résolument moderne

J’ai entamé ma vie conjugale avec un mari non juif, une nature ambitieuse, un diplôme universitaire et un peu d’orgueil. Il est vrai que j’étais une personne douée de spiritualité bien que je ne puisse pas définir exactement ce que c’est à part que c’est un trait de caractère qu’on a ou qu’on n’a pas. C’était juste quelque chose qu’on ressent. Cela signifiait pour moi être quelqu’un de bon, avoir la capacité de ressentir les malheurs de l’autre, de préparer un beau repas pour le Jour de Thanksgiving, de pleurer en visionnant un film triste. Ceci n’avait rien à voir avec D.ieu, n’est-ce pas ?

A la trentaine, mon mari – chef d’entreprise – subit une crise prématurée de milieu de vie. Contrairement à la plupart des hommes, la crise de mon mari était un appel à la foi et à la spiritualité (encore ce mot !) et n’incluait pas  une voiture de sport rouge. Mon mari découvrait le judaïsme et recherchait une voie vers la spiritualité qui le mena d’abord à une conversion libérale puis orthodoxe.

En entamant ma propre recherche spirituelle, je me retrouvai sans m’y attendre en compagnie de deux autres femmes qui étudiaient avec une Rabbanit, la femme d’un rabbin orthodoxe à propos du Mikvé, le bain juif rituel. Je m’y trouvais vraiment par accident. Je n’avais pas choisi le sujet. Au début, je n’avais vraiment aucune idée de ce que nous étudions. Mais j’aimais la Rabbanit. Très vite je notai que j’appréciai ces femmes.

 Comme moi, ces femmes n’étaient pas issues de milieux religieux. Elles étaient agréables et sympathiques et nous avons bien ri durant ce cours sur l’intimité. Nous discutions nos histoires d’amour d’un point de vue spirituel. Ce n’était pas à l’image  d’un certain spectacle à scandale de la télé new yorkaise. Nous étions juste quatre femmes en train de parler. Nous n’étions effectivement pas en train de nous gargariser des magazines féminins et nous étions assises dans une synagogue mais nous étions dans la vie réelle et nulle caméra ne nous enregistrait.

 

                        Juste dire non

Je fis connaissance avec l’approche ancienne de l’harmonie conjugale – une approche strictement cachère de l’intimité : la Mitsva de Taharat Hamichpa’ha, la pureté familiale. Ce n’était pas du tout ce que j’avais pensé. Cela n’incluait aucune des idées irritantes et répressives dont j’avais entendu parler chez ma grand-mère. C’était une approche aimante de l’intimité qui ne rabaissait aucun des deux participants et n’engendrait pas de sentiments de culpabilité à propos de nos corps. Quelle révélation !

Pour parler simplement,  c’est un système de « non contact physique » chaque mois durant la période des règles plus sept jours à l’issue desquels la femme s’immerge dans les eaux d’un Mikvé. Cela signifiait un minimum de douze jours sans qu’on se touche. Ok, c’est assez long ! Pourquoi  une femme mariée moderne s’imposerait-elle un tel système sans même mentionner le mari « relativement satisfait de la façon de vivre actuelle » ? Limiter l’intimité physique, à première vue, semble contre productif. Comment cela affecterait-il mon couple ?

Durant plusieurs semaines, nous nous sommes rassemblées toutes les quatre dans la synagogue pour étudier cette Mitsva. Aucune d’entre nous n’avait décidé de se rendre effectivement au Mikvé. Je passais mon temps à répéter que je ne venais que pour étudier et pour profiter d’une bonne compagnie mais certainement pas pour m’engager. Quelque chose du genre : « je n’ai pas besoin de cela, merci » mais, de fait, cela commençait à m’intéresser sérieusement.

Puis nous avons commencé à apprendre toutes les informations à propos du Mikvé lui-même. Je suis allée visiter le Mikvé de notre synagogue et il était magnifique. Ce n’était pas ce que m’avait décrit ma grand-mère, un puits sombre en dessous de la synagogue : c’était comme un spa pour femmes.

L’argument était que Taharat Hamichpa’ha accomplissait des merveilles pour retrouver la magie d’être de nouveaux mariés, pour maintenir la fraîcheur et la romance du mariage. A la fin, j’ai été assez intriguée pour entreprendre le plongeon.

 

                        Nul ne va en souffrir

Je pris une pause dans cette partie de mon voyage pour décider  de suivre les lois de cette Mitsva, bien que je ne les comprenne pas. Je savais que c’était quelque chose que je devais d’abord  expérimenter afin  d’acquérir  un peu de compréhension.  Ce saut difficile fut facilité parce que je m’intéressais à une Mitsva qui ne concernait que moi et mon mari qui manifestait une bonne volonté évidente. Nulle autre personne n’avait besoin  de le savoir et nul n’allait en souffrir si je gardais un esprit ouvert et studieux.

Les femmes pratiquantes que je rencontrai n’étaient pas des femmes prudes qui se cachaient. Elles aimaient leurs maris et leur style de vie et se rendaient une fois par mois au Mikvé. Je devais peut-être essayer. Comme l’aspect physique de notre relation était mis de côté durant cette période, nous en étions réduits à parler. Quelle découverte !  Alors nous avons parlé. C’était formidable ! Aucun faux espoir n’était en jeu, nous comprenions tous les deux que nous étions engagés par les limites établies par cette Mitsva. D’une certaine manière, ce n’était pas restrictif mais effectivement libérateur. Nous avions la liberté de parler toute la nuit de nos buts et de nos rêves. Nous avions la liberté d’exprimer notre amour sans en apporter la preuve physiquement.

A la fin des jours de séparation, arrive le grand jour – ou plutôt la grande nuit – quand la femme se rend au Mikvé. Avant qu’elle ne puisse s’immerger dans les eaux spirituelles du Mikvé, elle doit s’assurer que rien sur son corps ne la sépare de l’expérience de l’eau qui l’enveloppe. Elle enlève tout maquillage, bijou, vernis à ongles et s’immerge dans un bain afin de devenir complètement propre. La dernière étape avant le Mikvé est une douche qui enlève toute trace de shampooing et un dernier coup de peigne.

Ces préparatifs me rappelèrent  que je me préparai pour un grand rendez-vous – l’attention portée aux détails physiques me faisaient prendre conscience de mon corps d’une manière  très puissante. Je travaille toujours à l’extérieur mais je n’avais jamais fait aussi attention à mon aspect physique, sauf pour remarquer mes défauts.

L’idée d’ôter  tout ce qui faisait obstacle physiquement avec l’eau me fit réfléchir aux barrières physiques et émotionnelles que nous accumulons dans notre vie et qui peuvent nous séparer de notre conjoint. Je pense à des objets tels que la télévision, l’ordinateur, le portable et le téléphone  ainsi que les barrières psychologiques qui font obstacle à l’intimité comme se sentir grosse ou peu désirable et qui pourraient me séparer de mon mari et je me demande  comment je pourrais agir pour éliminer ces choses. De fait, en étant ouverte pour apprendre les lois du Mikvé, j’avais  déjà fait le premier pas.

Loin d’être répressif, ce rite est aussi réconfortant  que la tradition et le rituel, c’est un engagement physique tout comme une quête spirituelle. Pour moi, cela a fonctionné !

Les êtres humains sont différents des animaux. Nous pouvons effectuer des choix et ne pas agir seulement en suivant nos instincts. Nous pouvons élever toutes nos actions physiques en introduisant D.ieu dans la trame de notre vie et en les rendant ainsi saintes. Les lois de Taharat Hamichpa’ha nous permettent  d’amener D.ieu dans la chambre à coucher.

Mon expérience culmina avec cette immersion dans le Mikvé qui m’a permis d’expérimenter les eaux chaudes du Mikvé comme si D.ieu Lui-même me serrait dans Ses bras. Laisser D.ieu pénétrer dans la sphère la plus intime de ma vie m’a donné l’envie de m’engager dans davantage de Mitsvot.

Mindy McLees habite à Sherman Oaks, Californie avec son mari et ses deux fils. Elle travaille actuellement sur un livre à propos du Mikvé.